Sauvegarder un patrimoine : les chapelles de la Mayenne

Réalisation : Guillemette GESLIN

Le nom de Pont-Aubray apparaît sous les formes : Pont Aubrée, Pontaubrée, Pont au Bray.

L’Abbé Angot indique qu’à cet endroit un châtelier fut élevé dès la fin du XI ou le début du XII e siècle. On trouvait toujours une chapelle à l’intérieur des fortifications. On peut donc penser qu’une chapelle du Pont-Aubray existait à cette époque.

« Le pays de Landivy Landeviensis vicinia, dont Grimoald eut la prévôté au nom du premier baron de Mayenne, avait par sa situation une grande importance féodale. C’est dans cet angle du Maine que convergeaient presque toutes les voies qui, traversant la province, conduisaient au Mont-Saint-Michel, et mettaient pour leurs intérêts commerciaux le Maine et la Bretagne en communication suivie. C’est ce qui explique les nombreux passages défendus par des châteaux et des sanctuaires vénérés, que nous y constatons : le Pont-Main, avec son église et son château qui fut d’abord un châtelier sans maçonnerie ; le Pont-Dom-Guérin, où se rencontrent la chapelle de l’Ermitage, d’une très haute antiquité, et le château de Mausson, primitivement aussi châtelier du XIIe s. ; le Pont-Aubray, dont la chapelle n’est pas moins ancienne et dont le châtelier est resté avec sa disposition primitive du XIe ou XIIe siècle ; le Pont-Juhel, qui n’eut pas de chapelle, ni peut-être de château fort, mais dont la situation est peut-être plus forte que les trois autres. » Abbé Angot (Dictionnaire, tome IV, page 513, Landivy)

« Un châtelier composé d’une enceinte elliptique de 150 m de longueur sur 110 m de large, domine au Pont-Aubray la cour de la Bignette, accompagné d’une butte artificielle… » Abbé Angot indique (Dictionnaire, tome III, page 316) 

Le châtelier ne fut jamais construit en maçonnerie. Il resta une construction de terre et de bois. La motte féodale a été arasée en 1964 par l’agriculteur propriétaire du champ.

Le cadastre de Landivy garde la mémoire de ce château : Section D2, les parcelles 381 et 524 sont appelées « Le Château », la parcelle 380 est nommée : « le Pré du Château. »

Au XI e siècle, les passages vers la Bretagne et la Normandie étaient soumis à péages. Ils étaient protégés par des châteliers. C’est à la famille de LANDIVY que les premiers barons de Mayenne donnèrent comme fief le Pont-Aubray afin de garder ce passage et percevoir les péages. Grimoald, fin du XI e siècle, le premier prévôt porte le titre de « praepositus landivieni vicinae ». Le dernier représentant de la branche aînée cette noble famille de LANDIVY fut Jean de LANDIVY, « sous Charles V et Charles VI le plus haut commandement de tous les chevaliers du Bas-Maine dans l’armée régulière ». De 1374 à 1387, il chevaucha contre les Anglais, en Bretagne, en Normandie, en Flandres à la tête d’une compagnie de chevaliers et d’écuyers recrutés dans le Maine… En 1401, en récompense de ses services , il reçut le titre de chambellan du roi et une gratification de 1000 francs d’or. Il mourut en 1406… Avant la fin du XV e siècle, la seigneurie de Landivy fut réunie à celle de Mausson. » Abbé ANGOT (Dictionnaire, tome II, page 540.

LE PONT-AUBRAY ETAIT SITUE SUR « LE GRAND CHEMIN MONTAIS »

« De Landivy au Pont-Aubray, le bourg de Landivy a un plan allongé qui montre le rôle qu’a joué dans son développement le chemin montais. Ce dernier s’en détache tout de suite après l’église et il est à nouveau remarquablement conservé jusqu’au Pont-Aubray, en limite de la Bretagne… » Jacques Naveau page128, La Mayenne : Histoire et Archéologie n° 23, 2000.

 

 

 

Chapelle de Pont-Aubray

Landivy

 

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE :

ANGOT (abbé A.) : Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne.

ANGOT (abbé A.) : Epigraphie de la Mayenne.

NAVEAU (J.) : Le grand chemin du Mont-Saint-Michel en Mayenne. La Mayenne : Archéologie, Histoire, n° 23, 2000.

DELUEN (J.) : Le Pont Aubray. Pont au Bray ? Pont Aubrée ? Pontaubrée ? Sa chapelle- Sa Vierge à l’Enfant – Son histoire- Sa restauration.

ARCHIVES :

Archives départementales de La Mayenne.

Mairie de Landivy

 

Le Pont-Aubray et sa chapelle sont situés sur le « Grand chemin montais ». Ce chemin venant du Mans, traversait la partie nord du département de la Mayenne. Elle pénétrait en Mayenne après Sillé-le-Guillaume et quittait notre département au Pont-Aubray après avoir traversé l’Airon. Cette route menant les pèlerins au Mont-Saint-Michel fut fréquentée dès le XI e siècle.

« Le Pont-Aubray domine la vallée de l’Airon, très vieille frontière qui dut être celle de la cité gallo-romaine des Diablintes avant de devenir la limite de l’évêché du Mans et de la province du Maine. Le village, né auprès d’un château à motte, conserve plusieurs maisons de la fin du Moyen Age ou du 16ème siècle qui s’alignent le long du chemin jusqu’à la chapelle implantée au sommet du versant.  Ce petit édifice a été presque complètement reconstruit vers 1860. » Jacques Naveau, La Mayenne : Histoire et Archéologie n° 23, 2000, page128. 

Le plus illustre des pèlerins fut certainement le roi Saint-Louis. Un bloc de granit sculpté, placé au bourg de Louvigné au départ du chemin montais vers Landivy , porte cette inscription : « Ici passa, allant du Mont-Saint-Michel à l’abbaye de Savigny, en avril de l’an de grâce 1256 Saint Louis Roi de France ».

LA CHAPELLE :

La chapelle du Pont-Aubray est située dans un petit parc enclos par un muret. La dernière grande restauration est l’œuvre bénévole des habitants de la commune de Landivy. En novembre 1975, l’état de délabrement intérieur de cet édifice était tel qu’il était urgent de procéder des travaux importants.

Le docteur LOISEL, maire de Landivy et Monsieur le Curé TARLEVÉ décidèrent de créer une Commission de sauvetage de la Chapelle. Jacques DELUEN prit la direction des travaux. Il proposa de tenter l’expérience d’un « chantier ouvert au volontariat ».

Le 30 octobre 1976, plus d’une cinquantaine de personnes étaient là avec pelles, pioches, tracteurs pour la première journée du chantier.

Au programme de cette première journée :

- à l’intérieur de la chapelle, démontage de l’autel et de la grille du chœur, la sacristie fut abattue ainsi que la voûte de la chapelle qui menaçait de s’effondrer.

- à l’extérieur, décapage du mur Nord-Ouest ; nettoyage des arbres morts et creusement des fondations du muret qui entoure le « pâtis de la chapelle »…

Monsieur BOUFLET apporta ses conseils tout au long du chantier qui dura jusqu’en 1980. Maçons, tailleurs de pierre bénévoles, les habitants du bourg ou de la campagne de Landivy se mobilisèrent autour de Jacques DELUEN pour restaurer cette chapelle que nous avons le plaisir d’admirer aujourd’hui.

La chapelle est couverte en ardoises. La tempête de décembre 1999 ayant arraché une partie de la toiture, celle-ci fut réparée en l’an 2000. Les murs sont en moellons de schiste. Les encadrements de fenêtres et de portes sont en granit. Les joints ont été réalisés avec un mélange chaux-sable. Trois fenêtres cintrées et moulurées et une « meurtrière » éclairent le mur Nord.

La restauration menée de 1975 à 1980 n’avait pas prévu le rejointoiement des murs Sud et Ouest. Cette photo date du printemps 2005. Maintenant des joints chaux-sable embellissent cette façade. Ce travail a été réalisé au deuxième semestre 2005.

Au XIX e siècle, de 1857 à 1881, les curés de Landivy entreprirent une restauration complète de la chapelle du Pont-Aubray. Le pignon Sud-Est est éclairé par quatre fenêtres avec arc en plein cintre. Ces ouvertures furent percées en 1857 afin d’éliminer l’humidité intérieure. Le clocher de granit abrite une cloche. Sa construction fut achevée en 1870. Un plan de la chapelle daté de 1860, montre le clocheton du pignon Est avec la petite croix qui fut déposée entre les croix géminées du calvaire. Le pignon Ouest a été refait en 1859 ainsi que se deux côtières. C’est à cette époque que furent percées les ouvertures qui éclairent ce mur.

A l’entrée de la chapelle, a été déposée au cours de l’année 2000, la croix de faîtage qui ornait le pignon Ouest de la chapelle. Un bénitier de granit se trouve placé près de l’entrée. Le sol est pavé de dalles de schiste. Ce dallage a été réalisé en 1861. Cette « pierre froide » fut extraite à la Bruère, à Landivy.

Le chantier bénévole de restauration de la chapelle (de 1975 à 1980) a réalisé un travail magnifique. un nouvelle voûte de bois « à l’ancienne » a été posée par l’entreprise GRUAU de Laval. Des poutres de bois ont remplacé les tirants de fer qui barraient en quatre endroits la chapelle. La sacristie située derrière l’autel a disparu. Le crépi intérieur à la chaux de Neau et au sable de Chantrigné a été réalisé par l’entreprise JOLIVET de Landivy. Un autel de granit gris a été réalisé.

Monsieur CHATAIGNIER a taillé une très belle dalle de granit (ancien pile-ajoncs) pour servir de table à l’autel, un ancien « potager » pour servir de socle à la statue de la Vierge à l’enfant et les consoles des statues annexes. Un éclairage indirect a été réalisé pour mettre en valeur la chapelle.

 

L’abbé CLOCHEAU qui fut curé de Landivy de 1841 à 1868 dit : « Toute la chapelle n’était éclairée que par une dizaine de petits trous assez semblables à des meurtrières mais un peu plus larges ». Pour remédier à ce manque de luminosité, il fit percer, entre 1857 et 1859, huit ouvertures en plein cintre : trois sur la façade Nord, une au pignon Ouest et quatre sur la façade Sud.

Lors de la grande restauration de la Chapelle, en novembre 1976, deux des très anciennes meurtrières furent mises à jour (elles avaient été murées). Elles ont été conservées et sont un témoignage du passé.

En 1861, l’Abbé GAUTIER fit faire le vitrail du pignon Ouest chez les Dames Carmélites du Mans. Ce vitrail de 2,30m de hauteur sur 0,50m de largeur a coûté à cette époque 175 francs. Il ne sera mis en place qu’au début de 1862, et garni d’un grillage à l’extérieur.

La restauration des vitraux et de la verrière a été réalisée par les ateliers BARTHE-BOURDEAU en 1980.

La verrière représente la Vierge : ce sanctuaire est dédié à Notre-Dame du Pont-Aubray. Le vitrail est daté de 1862. Il porte les monogrammes A. M. (à Marie).

L’AUTEL : SOLI DEO

Cette belle pierre de granit sculptée SOLI DEO était, avant 1980, abandonnée dans un tas de pierres derrière l’église paroissiale de Landivy.

« L’église a été reconstruite de 1874 à 1880. Un siècle plus tôt on avait refait le chœur et le sanctuaire de forme rectangulaire [….] Des inscriptions fort apparentes, en caractères gigantesques, gravés dans le granit, rappelaient les fidèles aux sentiments de respect et d’adoration [...] Mais l’inscription extérieure est maintenant encastrée dans un mur de clôture, sur la place. Le curé Guilbert, sous qui s’exécutèrent ces travaux, était mal noté et y eut moins de part que le procureur de fabrique, Pierre Ribay…. » Epigraphie de la Mayenne, abbé ANGOT, tome 1, page 401.

Ce bloc de granit était donc placé à l’extérieur de l’ancienne église. Il fut sans doute gravé au XVIII e siècle. Il fut utilisé dans la construction d’un mur de clôture après 1880.

Des messes sont dites dans cette chapelle à la Saint Marc, le 25 avril ou au premier mai ainsi qu’aux Rogations et à l’Assomption. Une procession a lieu le 15 août.